Il était là,sous une chaleur écrasante,le torse nu,enchaîné de la tête aux pieds aux rails,attendant avec ferveur le passage du train.Au loin se précisait le bruit sourd de la locomotive...

Serein,rien n'aurait pu le perturber,pas même l'écho d'une sirène approchante.Autour de lui,une masse de personnes agitaient drapeaux et banderoles,avec toujours une même inscription:"Greenpeace".

Cela faisait maintenant cinq ans qu'il était rentré dans le mouvement.Dès sa plus tendre enfance,il avait déjà l'impression de vivre dans un monde qui n'était pas le sien.De parents catholiques intégristes et traditionalistes,il ne rentrait pas dans le moule de l'éducation que l'on lui avait façonné.
Il se senti donc dans l'obligation de faire bouger les choses,pour ne pas finir comme "eux".A son entrée au lycée,il devint adhérent du parti communiste,son baptême dans le militantisme.Il considérait alors cette idéologie comme parfaite et la seule à même de régler tout les malheurs du monde.Il s'aperçut bien vite que le fond lui convenait,mais pas l'usage qui en était fait.Constatant que la "langue de bois" de la politique ne mènerait à rien,il voulut concrétiser ses idées en allant directement sur le terrain.Après l'obtention de son bac,il s'engagea dans l'humanitaire et partit deux années consécutives au Soudan s'occuper de la logistique pour un camp de réfugiés.Mais il se rendit compte que l'aide apportée là-bas n'avait aucune utilité si elle ne s'inscrivait pas dans la durée.Il en revint tout de même changé et sa vision du monde évolua.Dans un besoin d'insertion sociale et professionnelle,il entreprit des études de droit et décrocha son diplôme d'avocat avec mention,tant sa prestation devant le jury fut convaincante.Il considérait ce métier comme l'approche la plus à même de plaider en faveur des causes qu'il soutenait.C'est donc dans ce statut d'avocat qu'il devint militant chez Greenpeace et qu'il était présent ce jour si particulier de sa vie.

A 15h23 et 52 secondes,le train numéro 6742,en provenance de Londres et à destination de Toulouse,transportant une demi-tonne d'uranium,le percuta de plein fouet.

Mort,il se sera battu jusqu'au bout pour défendre ses idées.
Là est bien le propre de l'Homme.